Fiche individuelle (mise à jour en 2009)
 
Jean GUTIERREZ (1936-2023)
Adresse 384, rue de l’Olivette, 34980 SAINT-CLEMENT-de RIVIERE

Téléphone* 04 67 84 10 52    

E-Mail jeandom.gutierrez@orange.fr

Discipline Entomologie

Grade* et dernière fonction à l'IRD DRI à Montpellier

Langues (l, p, e)  

anglais (l.p.e.)

Pays d'affectation  

Madagascar, Nouvelle-Calédonie

Autres pays bien connus  
Compétences mobilisables   Entomologie appliquée, acarologie ; participation aux commissions scientifiques ; formation : direction de thèses, formation de chercheurs
Activités en cours   Voyages culturels, randonnées, histoire
Rubrique personelle  

Adhére à l'AAIRD pour m aintenir le contact avec d’anciens collègues

 
Hommage à Jean GUTIERREZ

(Entomologiste agricole, Directeur de recherche de l’ORSTOM/IRD, décédé le 21 janvier 2023)
Le 21 janvier dernier la communauté « Orstomo-Irdienne », et plus singulièrement celle des entomologistes agricoles, apprenait avec tristesse le décès de Jean Gutierrez, l’un de leurs « anciens ».
Jean Gutierrez, est né en 1936 à Mostaganem (Algérie) où sa famille était établie depuis de nombreuses années. Après des études secondaires et une prépa à Alger, il intègre l’Agro de Toulouse où il obtient son diplôme d’Ingénieur agronome, puis rejoint l’ORSTOM.
A l’époque, la carrière débutait par deux années d’« Elève de l’ORSTOM » suivies par deux années de « stage » éventuellement entrecoupées (pour les hommes !) par le service militaire actif ou par un VSNA (Volontaire du Service National Actif). Dans ce cadre, Jean Gutierrez effectue ses deux années d’élève sur le centre ORSTOM de Bondy où il se spécialise en entomologie agricole. Titulaire de la PMS (Préparation Militaire Supérieure), il effectue son Service militaire d’octobre 1961 à mai 1963 en tant qu’officier dans l’artillerie et chez les parachutistes.
Les années 1963 et 1964 sont particulièrement marquantes, à titre personnel (1963 : mariage avec Dominique et … fin du service militaire) et professionnel (1964 : fin des années d’élève et affectation à Madagascar qui perdurera jusqu’en 1974).
En 1974, de retour en France, il soutient à l’université d’Orsay, une thèse de doctorat qui lui confère le grade de Docteur d’Etat ès Sciences.
Dès 1975, il est affecté en Nouvelle Calédonie. Il y restera jusqu’en 1984, année de son retour en France avec affectation à Montpellier où il poursuivra ses recherches sur le centre ORSTOM puis au laboratoire d’Acarologie INRA-ENSAM-ORSTOM sur le campus de l’actuel Institut Agro (anciennement Ecole Nationale Supérieur d’Agronomie de Montpellier, ENSAM).
Début 1998, il fait valoir ses droits à la retraite.
Contrairement à ses collègues entomologistes agricoles qui travaillent principalement sur les insectes ravageurs des cultures, Jean a consacré sa vie de chercheur à l’étude des acariens phytophages. Si cela en faisait, professionnellement parlant, un faux entomologiste, il était en revanche un vrai acarologue ! insectes, acariens quelle différence ? presqu’une simple histoire de pattes avec 2 de plus pour les acariens qui en possèdent 8. Jean s’est particulièrement intéressé aux tétranyques qui sont de minuscules petites « tiques » à peine visible à l’oeil nu parfois désignées sous l’appellation d’araignées rouges bien qu’ils ne soient pas des araignées. Sur les 1275 espèces de tétranyques décrites, une centaine est considérée comme déprédatrice des cultures.
Jean qui était un taxonomiste reconnu mondialement a contribué à une solide connaissance des tétranyques de Madagascar (et des îles de l’océan Indien) et de la Nouvelle Calédonie (et des îles du Pacifique Sud-ouest et de la Papouasie). Il ne s’est cependant pas cantonné à la stricte description de nouvelles espèces, à l’inventaire faunistique ou à la révision de classification. Il a, tout au long de ses années de recherches, associé à la caractérisation morphologique de ses petites bêtes, la caractérisation de leurs traits d’histoire de vie et même lors de son retour au laboratoire d’Acarologie INRA-ENSAM-ORSTOM, par le biais de collaborations, la caractérisation moléculaire. Cette approche intégrative lui a permis de mener des études très complètes de phylogénie sur certains de ses arthropodes préférés.
Il a constitué une remarquable collection de tétranyques qui a valeur de référence mondiale. Conservée depuis sa retraite à l’UMR CBGP de Montferrier, elle se compose de 5 262 spécimens appartenant à 175 espèces et correspondant à 1 564 récoltes sur le terrain.
Au-delà de ses activités de recherche, il s’est investi dès son retour définitif à Montpellier dans la gestion des carrières des chercheurs du domaine de l’Entomologie Agricole en devenant vice-président de la Commission Scientifique Science du Monde Végétal, Sous-commission des Systèmes Ecologiques.
Au premier abord, Jean paraissait plutôt réservé, mais ce n’était là qu’un vernis, très superficiel ; une fois le « contact » établi on découvrait une personne au contraire plutôt expansive, douée d’une faconde intarissable. Chacun gardera en mémoire, sa façon toute personnelle, inimitable, regard et sourire malicieux à l’appui, de raconter des blagues ou de dévoiler des évènements tirés de derrière les fagots – un contraste étonnant avec le sérieux et le caractère extrêmement méticuleux de son travail de taxonomiste !
Une grave opération du coeur l’a malheureusement affaibli durant ces dernières années …
Cher Jean, tes collègues de l’ORSTOM/IRD te saluent et expriment leurs condoléances attristées à Dominique ton Epouse et à vos enfants, Anne et Armelle.
Montpellier, le 13 février 2023