Apport des scientifiques français à la recherche scientifique à Madagascar, passé et présent. Lucile Allorge et Patrice Roederer

l - ÉPOQUE DES INVENTAIRES.

Bien que l'Espagne et le Portugal se soient partagé le Monde après le traité de Tordesillas, en 1494, et même après la découverte de Madagascar par Diégo Dias en 1500, aucun travail scientifique ne fut consacré aux recherches sauf quelques récits de voyages comme celui de Cornelis de Houtman en 1595. On peut citer aussi les premières cartes (portolans) qui furent l'reuvre des Portugais, dès 1502 mais qui restèrent secrètes; elles avaient un grave défaut, dû à la déclinaison magnétique très forte (110 entre Diégo-Suarez et Fort-Dauphin, en 1961) ce que les boussoles ne décelaient pas et créaient ainsi un replis important au centre de la côte Est.

Il faudra attendre sous Richelieu, la fondation d'un comptoir de la Société de l'Orient, à Madagascar, à FortDauphin en 1643, qui permettra à Étienne de Flacourt de publier un ouvrage Histoire de la Grande isle de Madagascar en 1648, qui décrit pour la première fois, la géographie, la flore et la faune de l'île et une description des habitants etc. Cet ouvrage comporte aussi des cartes de Madagascar et de la Réunion (île Bourbon), de Fort-Dauphin (appelé ainsi en l'honneur de Louis XIV encore dauphin), et des planches représentant les plantes, les animaux dont les oiseaux et les poissons. Flacourt rapporta aussi en France, des plantes, des graines dont celles de la pervenche de Madagascar (qui donnera des anticancéreux découverts en 1959) et des herbiers, actuellement conservés au Muséum de Paris depuis plus de 360 ans. Ce sont les plus anciens herbiers tropicaux. Certaines de ces plantes, soi t vivantes soit par graines, furent ensui te transportées dans tous les pays tropicaux et particulièrement dans les Antilles. Flacourt publie aussi un dictionnaire de la langue malgache et crée un jardin avec des plantes alimentaires et médicinales, dont le plan figure aussi dans son ouvrage.

Ce n'est qu'en 1664 que Colbert fonda la Compagnie des Indes. Outre les épices, le coton, les soieries et porcelaines de Chine, l'enjeu était aussi d'installer des cultures de rapport. Flacourt avai t introdui t la canne à sucre à Madagascar, entre autres. En 1766, la Compagnie au bord de la faillite rétrocéda les Mascareignes au roi de France, Louis XV.

Le jardin botanique des Pamplemousses fut fondé en 1735, à l'île Maurice (île de France à l'époque), par Aublet (17231778) qui fut le premier à dresser l'inventaire des plantes de l'île. Il fut aussi le premier à décrire les plantes de la Guyane dans Histoire des plantes de la Guyane française, parue en 1775.

Bougainville fit le premier tour du Monde organisé par la France, il inaugure les voyages avec des scientifiques à bord. À son retour, en 1768, à l'escale de l'île Maurice, il laisse l'astronome Véron et le géographe Romainville ainsi que le botaniste Philibert Commerson. L'objectif de celui-ci est de faire l'inventaire des animaux et des plantes de l'île Maurice, de Madagascar et de la Réunion. Sonnerat était le neveu de Poivre (1719-1786) qui était Intendant et Commissaire de la Marine, à l'île Maurice. Poivre avait fait prospérer l'île en introduisant de nombreuses plantes au jardin des Pamplemousses. Il envoie Sonnerat en Nouvelle-Guinée, Inde, Ceylan Philippines et surtout les Moluques pour rapporter des épices. Sonnerat publiera Voyage aux Indes orientales et à la Chine, depuis 1774 jusqu'en 1781, en deux volumes. Il va en partie accompagner Commerson à Madagascar, en 1770. Celui-ci meurt à l'île de France, sans avoir eut le temps de publier quelque chose. Ses manuscrits seront déposés au Muséum ainsi que ses trente-six caisses contenant des obj ets naturalistes qui seront étudiés par Lamarck, Jussieu, Cuvier etc. et donneront lieu à de nombreuses publications, dont l'Encyclopédie méthodique.

Ce fut l'époque des voyageurs, des explorateurs, des marchands, des missionnaires qui, chacun pour des motifs différents, entreprirent l'inventaire de l'île, et cela pendant trois siècles. Parallèlement, les Malgaches ont maîtrisé certains éléments de la nature, faisant ainsi de la recherche empirique, plantes cul ti vées (riz, coton etc.), plantes médicinales et poisons (fanafody), vers à soie, araignées à soie. Rappelons qu'aucune des plantes alimentaires classiques n'est d'origine malgache.

Aubert du Petit Thouars arrive à Madagascar en 1795. Il y fait d'impressionnantes récoltes et de nombreux dessins. Rentré en France, il publie Histoire des végétaux recueillis sur les isles de France, la réunion et Madagascar, en 1804. Et surtout un ouvrage sur les orchidées qui fit date, en 1822. Goudot dit « Bibikely » et Cocquerel s'occupèrent des insectes, Vinson, des araignées. La géologie n'était elle-même pas inconnue puisque Jean Laborde en utilisa ses richesses pour construire sa fonderie jusqu'à ce que Ravalomana II en 1881 en interdise toute recherche sur les minéraux pour éviter la ruée des aventuriers de toutes sortes.

Parmi ces scientifiques, on peut citer, des Anglais comme Baron, Forsyth-Major, Scott-Elliott, Parker (médecin de Ravalomana II). Ce sont eux qui ont écrit en caractères latins, la langue malgache, auparavant écrite en caractères arabes dans de rares documents arabico-malgaches, mais restée surtout orale. Des Espagnols comme de Noronha, en 1775. Des Allemands comme Peters, Hildebrandt, des Autrichiens comme Ida Pfeiffer, Boj er, des Suisses comme Keiser sans oublier des Norvégiens, des Néerlandais et bien d'autres...

Alfred et Guillaume Grandidier méritent une place à part, tant leur travail fut important.

Alfred Grandidier est né le 20 décembre 1836 à Paris. Il commença très jeune une collection géologique. Il eut la chance également, d'étudier la botanique avec Henri Baillon (18271895) Professeur à l'Ecole de Médecine de Paris, auteur d'une monumentale Histoire des Plantes de 1867 à 1885, d'un Dictionnaire de Botanique en 1876-1885 ainsi du Traité de botanique médicale en 1884, tous richement illustrés. Celui-ci d'ailleurs étudiera les collections botaniques d'Alfred Grandidier à son retour en France après ses trois explorations qui se déroulèrent de 1865 à 1870 et publiera ces résultats dans Histoire naturelle, physique et politique de Madagascar, l'oeuvre majeur d'Alfred Grandidier qui ne comprend pas moins de trente-neuf volumes, en 1875. Plusieurs centaines de planches furent dessinées et gravées par d'Apreval et Faguet. Des photographies prises par Alluaud et Catat y furent jointes et le premier volume de l'Atlas parut en 1886. La description n'était pas encore commencée, quand Baillon meurt en 1896. Drake deI Castillo repris la tâche, le premier volume paraît en 1902, mais Drake deI Castillo décède à son tour et la publication ne sera pas poursuivie (E. François, 1938).

Alfred Grandidier parcourut 5500 Km à Madagascar, traversa l'île et rapporta de très riches collections au Muséum d'Histoire naturelle de Paris. Il décéda le 13 septembre 1921 à Paris.

Raymond Decary retrace sa vie et tout son itinéraire, fournissant une carte détaillée et un portrait, dans la Revue de Madagascar, n° 16, en octobre 1936.
L'Académie malgache alors présidée par le Dr Fontoynont, lors d'une séance solennelle qui eu lieu le 27 octobre 1937, voulu rendre hommage au grand explorateur et naturaliste, Alfred Grandidier. La cérémonie s'est déroulée dans la salle des fêtes de l'Hôtel de Ville de Tananarive aujourd'hui disparu, devant une assistance très nombreuse. L'Académie malgache avait organisé une exposition des manuscrits, cahiers de route et carnets d'observations astronomiques, ainsi que ses principaux ouvrages donnés par son fils Guillaume. Puis, le Dr. Fontoynont annonça l'ouverture d'une souscription pour ériger une statue à la mémoire du grand savant.

Son fils Guillaume, né le 1er juillet 1873, 3 ans après le retour de son père, va continuer son oeuvre, en particulier, après Collection des ouvrages anciens concernant Madagascar, il va poursuivre par la Bibliographie de Madagascar jusqu'à sa mort. Cet énorme travail s'achève avec 23 003 références et couvre la période de 1904 à 1957. Il meurt le 19 septembre 1957, à Paris. Mais, à 25 ans, il a aussi exploré Madagascar, d'abord l'Ouest, de Majunga à Tuléar en 1898, puis le Sud, en 1901. Parti de Fort-Dauphin il gagne Tuléar, prospecte le nord de Tuléar, puis le lac Tsimanampetsotsa, Ejeda, cap Ste Marie, et retour à Fort-Dauphin en longeant la côte. Il prend de superbes photos qui sont présentées pour la première fois à l'Assemblée des naturalistes du Muséum. Sa première publication concerne les lémuriens disparus, en 1901, sa dernière s'achève, en 1954, avec l'histoire de la découverte de Madagascar.

Après sa mort, en 1957, l'IRSM, futur ORSTOM, fut nommé légataire universel et le Fond Grandidier fut placé dans un bâtiment du Parc de Tsimbazaza attenant à la maison Rasanj y. Certains documents furent remis à l'Académie malgache et d'autres envoyés au Musée de l'Homme. En 1975, le Fond Grandidier fut affecté à l'Académie.

L'observatoire magnétique de Tananarive fut créé en 1889 à Ambohidempona, par le RP Elie Colin (1852-1923). Il calcula avec exactitude la position de Tananarive et de biens d'autres localités. Il réalisera des cartes topologiques qui seront présentées lors d'une exposition sur Madagascar au Muséum.

II - De 1895 à 1975 - ÉPOQUE DES INSTITUTS.

L'ouverture du canal de Suez en 1869, redonne en Europe, principalement pour la France et l'Angleterre, un intérêt grandissant pour les échanges avec l'Asie et relance le commerce avec l'Océan Indien. À la suite d'un traité francomalgache, en 1885, la France occupe Diégo-Suarez. 5 août 1890 : signature d'une convention franco-anglaise reconnaissant le protectorat français sur Madagascar, en échange de la reconnaissance du protectorat anglais sur Zanzibar.

La France impose à Madagascar un protectorat, le 1er octobre 1895 qui deviendra avec Galliéni, une colonie française, le 6 août 1896.
Galliéni arrive à Madagascar le 16/9/1896 et devient Gouverneur de Madagascar, il abolit la royauté malgache. La Reine Ranavalo III est exilée à la Réunion, le 28/2/1897 puis à Alger, le 1/2/1897.

Dès son arrivée, Galliéni oeuvre pour créer des organismes capables d'améliorer les connaissances et l'économie. Aussi dès 1902, créa t'il l'Académie malgache (la plus ancienne des pays en émergeance) qui a, à son actif, plus de 1500 communications et plusieurs dizaines de mémoires.

1900, achèvement de la route Tamatave-Tananarive.
Après un voyage d'inspection à Madagascar qui dura un an (18891890) et que Galliéni relate dans un journal, il quitte Madagascar le 13 mai 1905. On l'avait surnommé le « pacificateur» de Madagascar. Au départ de Galliéni, ont été installés 56 dispensaires, 35 maternités et 11 léproseries.

1906, achèvement du train Tamatave-Tananarive.
Deux scientifiques, Henri Perrier de la Bâthie et Raymond Decary vont s'affronter sur les causes de la destruction des cactus nommés « raketa » par les malgaches, destruction due à l'introduction volontaire d'une cochenille qui entraîna une grande famine et la mort de 10 000 malgaches et de leur bétail qui se nourrissaient de ces cactus, dans le Sud de l'île. Perrier de la Bâthie a été un des botanistes qui ont le plus apporté de contributions à la Flore de Madagascar mais il était favorable à cette destruction. Decary, administrateur dans le Sud, assista impuissant à ce désastre. Par la suite, il rapporta plus de 40 000 échantillons et 797 objets au Muséum. Il revint en France en 1945.

Sur le plan de la santé:

L'École de Médecine fut fondée le premier février 1897.
La Société des Sciences médicales de Madagascar est créée le 19 juillet 1909.

L' Institut Pasteur de Madagascar (IPM) fut créé le 23.3.1901. Après la découverte de l'agent du paludisme par Alphonse Laveran, en 1880, à Constantine en Algérie, la Société de Pathologie exotique (SPE) est inaugurée à Tananarive, le 22 janvier 1908, dans le sein de l'IPM. Son rôle principal est de poursuivre des recherches sur le paludisme. On rappelle que A. Lavaran reçu le prix Nobel de médecine, en 1907, soit 27 ans après sa découverte. C'est en 1932 que G. Girard et J. Robic mirent au point un vaccin contre la peste, EV, après six ans de travaux. L'IPM publie les Archives de l'Institut Pasteur.

L'Institut Pasteur (IPM), fondé le 17. 3. 1898, voit le jour le 23 mars 1901, avec des bâtiments principalement destinés à lutter contre la peste et la rage. Il est devenu une fondation privée en 1927, sous l'initiative du professeur Georges Girard. Le pavillon Girard fut construit entre 1930 et 1935, les pavillons Thiroux et Monod en 1954.
Paul Radaody-Ralorosy (1908-1973) était chef du Laboratoire d'Anatomie pathologique de l'Institut Pasteur. Il a publié dans la Société pathologique exotique (SPE) et le Bulletin médical malgache, de nombreux articles. Il fut aussi Président de l'Académie Malgache.
Rasolofonirina Noëlson a fait paraître dans les Archives de l'Institut Pasteur de Madagascar, en 2002, 68 (1 & 2) : 6-8, un article très complet, concernant l'histoire de cet institut depuis sa création.
L'hôpital des enfants est créé en 1924 et l'Hôpital Befelatanana en 1927

Recherche scientifique :

L'Académie malgache fut fondée le 23. 1. 1902 par Galliéni, avec principalement comme objectif d'étudier la linguistique, l'ethnologie, la sociologie et l'archéologie. Mais très vite, la médecine, la botanique et la zoologie vont suivre. C'est la première Académie africaine. Elle publie le Bulletin de l'Académie malgache et les Mémoires de l'Académie malgache. Ces documents très importants rendent compte de presque toute l'activité scientifique concernant Madagascar.
Le Bulletin de l'Académie malgache (BAM) fut fondé le 23. 1. 1902. Il est annuel. Il paraît d'abord en format in 80, puis débute une nouvelle série, en 1914, en format in 40, pour pouvoir y incorporer des photos, suivit des Mémoires de l'Académie malgache (MAM) à périodicité variable.

BAM 1902 - 1913, format in-8°
puis commence une nouvelle série: 1914, tome 1 jusqu'à 1974, tome 52. Tome 1, 1914 ; T.2, 1915 ; T.3, 1916-1917 ; T.4, 1918-1919 ; T.5, 1920-1921 ; T.6, 1922-1923 ; T.7, 1924; T.8, 1925 ; T.9, 1926 ; T.10, 1927; T.11, 1928; T.12, 1929; T.13, 1930; T.14 ; 1931; T.15, 1932; T.16, 1933; T.17, 1934; T.18, 1935 ; T.19, 1936; T.20, 1937; T.21, 1938; T.22, 1939; T.23, 1940 ; T.24, 1941 ; T.25, 1942-1943 ; T.26, 1944-1945 ; T.27, 1946; T.28, 1947-1948 ; T.29, 1949-1950 ; T.30, 19511952 ; T.31, 1953; T.32, 1954; T.33, 1955; T.34, 1956; T.35, 1957; T.36, 1958; T.37, 1959; T.38, 1960; T.39, 1961 ; T.40, 1962 ; T.41, 1963 ; T.42, 1 & 2, 1964 ; T.43, 1 & 2, 1965 ; T.44, 1 & 2, 1966 ; T. 45, 1 & 2, 1967 ; T.46, 1968 ; T. 47, 1969 ; T.48, 1970 ; T.49, 1 & 2, 1971 ; T.50, 1 & 2, 1972 ; T.51, 1 & 2, 1973 et T. 52, 1974.

On constate que de 1916 à 1923, il n'y a eu qu'un seul tome correspondant à deux ans, puis, de nouveau, entre 1942 à 1952. Pour, au contraire, deux tomes publiés par an, de 1964 à 1969, accalmie en 1970, pour reprendre à deux tomes par an, de 1971 à 1973.
Ce bulletin couvrait toutes les sciences: 3 sections:
1) Langue, littérature et Arts. Sciences morales et politiques
2) Histoire, archéologie, géographie, géographie humaine et économie, droit et jurisprudence, philosophie, théologie.
3) Sciences fondamentales et Sciences appliquées. Zoologie, botanique, météorologie, (éclipse du soleil), géologie, géophysique, pétrographie, minéralogie, paléontologie.

Il a été publié un bulletin spécial en 1977, pour le 75 ème anniversaire de l'Académie, récapitulant toutes les publications parues dans cette revue ainsi que la liste des 735 membres depuis son origine.
Puis il devient le Bulletin de l'Académie Nationale des Arts, des Lettres et des Sciences.

MAM
Les Mémoires de l'Académie malgache ont une périodicité aléatoire. Elles débutent en 1926, en 1952, ont paru 38 volumes. Le fascicule 3 paru en 1927, est consacré à l'étude de trois grands massifs, le Tsaratanana, l'Ankaratra et l'Andrigitra. Le dernier parut en 2003.

Le siège de l'Académie malgache a d'abord été situé à Ambohitsorohitra, puis au Palais d'Argent (Tranovolo) et au Palais de la Reine (Manjakamiadana) dans le Rova. Puis elle s'installa à la chambre du commerce à Antananarivo avant la construction de son siège qui est encore le sien, à Tsimbazaza.

Le Palais d'argent (Tranovola) fut construit en 1845 sous le règne de Ranavalona 1 ère, il est en bois. Le Palais de la Reine = Manjakamiadana = où il est facile de règner, fut initialement construit en bois, par Jean Laborde puis renforcé par un entourage en pierres par James Cameron entre 1868 et 1873. Mort de Jean Laborde, décembre 1878.
La construction de l'Académie malgache actuelle s'est effectuée en même temps que celle de l'Assemblée nationale populaire malgache en 1959, sur des terrains appartenant au Parc Botanique et zoologique de Tsimbazaza; l'inauguration de l'Académie eut lieu le 19 janvier 1961 sous le nom « Académie nationale malgache des Arts, des Sciences et des Lettres ». On inaugure en même temps, une exposition sur l'Art traditionnel malgache dont la réalisatrice est Anna Lavondes, en rez-dechaussée de l'Académie, toujours visible en 2008.

Tsimbazaza :
Le Parc Botanigue de Tsimbazaza créé le 21. 12. 1925 avec comme directeur E. François, devient le Parc Botanique et Zoologique de Tsimbazaza (PBZT) avec son second directeur P. Boiteau, en 1934. En 1936, avec l'aide du Muséum, toute une partie zoologique fut installée pour étudier et faire connaître la faune malgache. Il passa de 12 ha à 24 ha à ce moment-là. Il fut dirigé pendant un an par Robert de 1939 à 1940, puis de nouveau par Boiteau jusqu'en 1947.
Le parc de Tsimbazaza est lié à la recherche, depuis création car, dès l'origine, il rassembla et développa nombreuses plantes originaires de l'île.

Expositions :
L'exposition universelle de 1900 était, en fait, une promotion pour tous les produits exotiques des anciennes ou récentes colonies. Le Grand et le Petit Palais ainsi que le pont Alexandre III furent inaugurés à cette occasion. L'exposition coloniale internationale eut lieu à Paris en 1931. On construisit des pavillons à Daumesnil dont la cité des informations et le pavillon de la croisière noire. Ne subsiste maintenant que le pavillon de la Porte Dorée.
À Madagascar, eurent lieu plusieurs expositions sur les plantes médicinales par Boiteau et sur les champignons par Bourriquet.

Création des parcs nationaux et réserves naturelles à Madagascar:
5 réserves intégrales, 18 parcs nationaux, 23 réserves spéciales, 46 aires protégées furent créées à Madagascar sous l'impulsion de H. Humbert et de Perrier de la Bâthie, en 1927. Les premières réserves naturelles en France ont été faites part la Société d'acclimatation de France en 1927, avec en premier la Camargue. La loi du 2 mai 1930 fut modifiée en 1957 puis en 1976.

De nombreuses Sociétés sont aussi créées et reflètent l'activité scientifique :

La Société d' horticulture de Madagascar (SHM) est fondée en 1924 par H. Poisson ainsi que la Société des Amis du Parc Botanique et Zoologique de Tsimbazaza, en 1936. Poisson est aussi le fondateur de la Société d'aviculture de Madagascar en 1924.

Ces deux premières Sociétés éditent chacune une revue; le Bulletin de la Société d'Horticulture de Madagascar qui comporte deux séries, la première débute en 1924 jusqu'à 1928, la seconde, dite nouvelle série, parait en 1938 ainsi que le Bulletin des amis du PBZT.

H. Poisson, avant de rentrer en France, le 1er avril 1954, légua sa magnifique collection de coquilles à la station océanographique de Nosy-Be.

L'ORSC (Office de la Recherche scientifigue coloniale)1943, devient
L'IRSM (Institut de Recherche Scientifique de Madagascar) créé en 1947. Puis il devient l'ORSTOM en 1953, et actuellement l'IRD (Institut de Recherche pour le Développement).
L'IRSM s'installe à Tsimbazaza après le départ de Boiteau, en 1947. Il va bénéficier de grands crédits. Ses directeurs sont Mrs Millot et Paulian, respectivement spécialistes du patrimoine et de biologie, puis Robert et Albignac. En 1972, Rakotomaria prit la suite.

Citons entre autres, à cette époque, les chercheurs Ségalen, Bosser, Malzy, Ottino, et à Nosy-Be, où la station océanographique est ouverte, avec Angot puis Crosnier.

Les Instituts du GERDAT, devenus CIRAD, s'installèrent, dirigés sur place par Roche, ils étaient constitués de plusieurs instituts et s'intéressèrent aux principales plantes cultivées. lRAT-IRAM était voué aux cultures agricoles les plus répandues, en particulier le riz (avec une action très importante au lac Alaotra) et la canne à sucre dans le Nord, ainsi qu'à la défense des cultures et à la lutte contre les acridiens dans le Sud. IRHO mettait son activité au service des plantes oléagineuses, palmiers, arachides, IRFA, IRCT était tourné vers le coton et les fibres textiles, surtout au Sud-Ouest, en liaison avec le CFDT, le CFDT, formé de forestiers pour la plupart, s'intéressait aux forêts et à leur protection, tandis que l'IEMVT couvrait les problèmes liés à l'élevage; les recherches forestières et zootechniques existaient auparavant dans les services territoriaux. Beaucoup de cartes de sols sont levées.

L'Indépendance de Madagascar a eu lieu le 26 juin 1960.

À partir de 1963, l'ORSTOM monte en puissance à Madagascar et passe de 21 expatriés à 72, en 8 ans, et de 120 nationaux à 236. Les 15 sections scientifiques: pédologie, hydrologie, géologie, géophysique, agronomie, botanique, phytopathologie, zoologie, entomologie agricole, entomologie médicale, recherches sur les vecteurs de la peste, sociologie, économie, démographie, histoire vont s'étendre aux Mascareignes puis aux Seychelles.

Un effort est fait pour travailler en liaison avec l'Université (cours et venue des Universitaires à l'ORSTOM) avec les Insti tuts du GERDAT, les structures administratives ou scientifiques malgaches et pour utiliser au mieux les moyens locaux français ou malgaches (armée, collectivités locales). Un certain nombre de Malgaches (environ une douzaine) suivit la formation ORSTOM qui leur permis d'accéder directement au grade d'ingénieur principal de leur administration.

La participation de l' ORSTOM au comité de coopération interîles (Madagascar, Réunion et Maurice) a permis, entre autres activités, de lancer la Flore des Mascareignes en 1970.

En 1975, après une période tumultueuse, à laquelle l'ORSTOM a été malheureusement mêlée, ses activités ont été considérablement réduites sans disparaître totalement. Elles ont repris peu à peu, des accords ont été signés pour pérenniser sa présence.

L'IRD actuellement à Madagascar.

En 2006, il y avait 14 expatriés, 20 malgaches et 80 missions dont les thèmes étaient, Gestion des espaces ruraux et environnement, en collaboration avec la FOFIFA, CNRE et les Universités de Tananarive et Fianarantsoa. Avec cette dernière, Modélisation pour l'environnement, Analyse des processus entre les modes d'exploitation et les systèmes écologiques. Élaboration d'une banque de données, sols et paysages, évaluation des systèmes coralliens, appui à la mise en place des réserves marines pour le développement durable des littoraux du Sud-Ouest, pressions anthropiques sur deux écosystèmes aquatiques tropicaux avec les Universités de Tuléar et de La Réunion, centres de Monaco et Marseille etc..

Le ClRAD actuellement a 20 agents affectés.
Ses activités sont définies avec le MAP (UNESCO) et le DCP, FOFIFA et Universités, avec comme principaux thèmes, Forêts et biodiversité , Systèmes de rizicultures, agroécologie, préservation des ressources naturelles, santé animale. Il publie des guides et des fiches et forme des stagiaires avec 30 thèses en cours.

Autres ouvrages et revues concernant la Recherche scientifique à Madagascar:
Des revues sont généralistes et concernent l'ensemble des colonies mais elles comprennent aussi des articles sur Madagascar comme le Compte-rendu de l'Académie des Sciences coloniales qui devient en 1960, le Compte rendu de l'Académie des Sciences d'Outre-mer.

Le Musée colonial de Marseille dont E.M. Heckel* et Henri Jumelle furent directeurs, publie la revue:
Les Annales de l'Institut colonial de Marseille.
Première série avec le très important travail de E.M. Heckel, sur les plantes utiles de Madagascar en 1903 dans la première série.
2 ème série: 1907 - 1912
3 ème série: 1913 - 1922
4 ème série: 1923 - 1932
5 ème série: 1933 - 1942
6 ème série: 1943 - 1945

Le Naturaliste malgache, 1948.

Les Mémoires de l'Institut Scientifique de Madagascar débutent en 1948 et s'achèvent en 1962.
Il y a quatre séries: A, Biologie animale. B, Biologie végétale. C, Sciences humaines et D, Sciences de la terre. Cette revue est dirigée par J. Millot, directeur de l'Institut Scientifique de Madagascar avec comme secrétaire R. Paulian, directeur adjoint de l'Institut. Le siège est au 55, rue Buffon, Paris VO, au Muséum. Le numéro 6 est entièrement consacré au massif du Marojejy, que viennent d'inventorier, des scientifiques de plusieurs disciplines, sous la direction de H. Humbert.

Le Muséum national d'histoire naturelle (MNHN) de Paris apporte une contribution fondamentale.

La Flore de Madagascar et des Comores débute en 1936 sous la direction de Henry Humbert, 99 volumes publiés à ce jour.

La Faune de Madagascar a été fondée par Renaud Paulian en 1956. 90 volumes traitant de la Zoogéographie (un volume), des invertébrés marins (7 volumes), des insectes (64 volumes), des mollusques (2), des arthropodes (8) et des vertébrés (8).

Le Bulletin du Muséum national d'Histoire naturelle, section B, est suivi par Adansonia en 1997 et poursuit son oeuvre.

Universités à Madagascar:

L'Université d'Antananarivo a développé des activités de recherche en collaboration avec le CNRS, MNHN, ORSTOM, USTPLMontpellier. Des enseignants français ont assurés des cours, des conférences et des séminaires, en zoologie, botanique, écologique, paléontologie etc. Même à l'époque de la malgachisation, en 1975, les contacts avec la France, n'ont pas diminués. En 1980, il y a eu la création de Centres universitaires régionaux (CUR) :
CUR Mahajanga: Sciences naturelles, Médecine générale et dentaire.
CUR Toamasina: Gestion
CUR Fianarantsoa: Mathématiques et Droit
CUR Toliary : Histoire et Géographie
CUR Antsiranana: polytechnique

Les CUR sont devenus des Universités, en 1992.
Les enseignants sont des enseignants-chercheurs et participent à diverses activités de recherche à travers des partenariats et des appuis financiers internationaux. Le service de Coopération et d'Appuis Culturels (SCAC) français fournit des aides pour des recherches thématiques de type écologique par exemple.
La recherche scientifique à Madagascar s'est maintenant beaucoup développée et internationalisée. Elle a su évoluer avec le temps.